Transportons-nous dans un monde imaginaire où tous les produits invendus, provenant de tous les magasins et entrepôts de l’Amérique, se réunissaient dans un congrès à Tremblant. Si nous étions observateurs lors de ce congrès, qu’est-ce qu’on verrait et entendrait?
Nous nous rendrions compte rapidement que tous les produits sont découragés et amorphes. Il ne peut en être autrement. Comment être joyeux lorsqu’on ne sert à rien? Mettons-nous à leur place. Ils ont été rêvés, imaginés, conçus et fabriqués pour accomplir une mission, laquelle ils ne peuvent pas remplir. Certains d’entre eux ont mêmes été l’objet de bancs d’essai poussés, dans lesquels les concepteurs ont investi des centaines de milliers de dollars et tout ça, pour rien! Y a de quoi être déprimé pour ne pas dire, carrément en colère.
En colère après qui me direz-vous? Ben, après les vendeurs qui font peu ou rien du tout pour les vendre!
Il y a justement une plénière qui débute, allons entendre ce qu’ils ont à dire.
– Moi, je suis vraiment frustré! Dans le magasin où je moisis depuis 16 semaines, les vendeurs semblent se complaire à laisser passer les clients près de moi sans me présenter. Pourtant, il y en a des clients qui passent, ce n’est pas ça qui manque, mais personne ne me propose! C’est malheureux, je suis si attrayant et surtout très utile. Les clients seraient ravis s’ils savaient que j’existais.
Un autre ajoute:
– Moi, j’ai failli être vendu la semaine dernière. Le client me tenait dans ses mains, mais le vendeur n’a pas « closé »! Faut croire qu’il avait encore peur de passer pour un « vendeur à pression ». C’est quoi cette idée là? C’est le client qui est venu dans le magasin et c’est lui qui a demandé à me voir. Hé le vendeur, réveille! Le client était mûr et prêt à m’acheter et il lui a dit: « Pensez-y, il va probablement être en spécial dans quelques semaines! » Avec des vendeurs comme ça, c’est certain que je vais venir en spécial, vous ne me vendez pas!
Un autre de renchérir:
– Moi, je hais me faire vendre en « spécial ». Non, mais qui aimerait ça se faire dévaloriser pour accomplir un travail de qualité. Si c’était les vendeurs qu’on dévalorisait comme ça lorsqu’ils vendent moins, ils verraient comment on se sent.
Un autre produit en rajoute:
– En ce qui me concerne, je ne suis pas un produit qui se vend en magasin, je suis un produit « industriel et innovateur ». Pour me vendre, les vendeurs doivent entrer en contact avec des prospects qui ne connaissent pas mon existence ni mon utilité. Laissez-moi vous dire que rares sont ceux qui font un véritable démarchage, la plupart attendent que le téléphone sonne et c’est pour cela que je suis encore dans un entrepôt.
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Revenons à la réalité. Les produits ne parlent pas. En tout cas, pas encore! Mais s’ils le pouvaient, sûrement que plusieurs auraient cette opinion.
Bonne réflexion!