Toutes les histoires débutent pas : Il était une fois … , et se termine par : C’était quelqu’un de bien ! Entre ces deux extrémités, le début et la fin de l’histoire, il y a tout une vie.
Dans cette chronique, je veux tout simplement relater l’histoire de beaucoup d’entrepreneurs, inventeurs, franchiseurs, promoteurs et celles de tous ceux qui ont su croire en eux, croire en leurs rêves et réussi à vendre leurs idées. On les appelle les entrepreneurs. Il est probable que plusieurs d’entre vous vous reconnaîtrez.
Le Québec en foisonne. Nous sommes, paraît-il, une fourmilière d’entrepreneurs et, en ces temps où les scandales et les revendications de toutes sortes donnent à croire qu’avoir du succès rime avec « voleur », je me permets de regarder par l’autre bout de la lorgnette.
En ce qui concerne nos entrepreneurs(es) québécois, il faut toujours se rappeler que derrière chaque succès d’entreprise, il y a un vendeur qui en a arraché un bon moment avant qu’on entende parler de lui et qui est devenu, par la force de son rêve, un créateur d’emplois.
Genèse d’une entreprise
Le tout débute par le DÉSIR de faire quelque chose. Une idée germe dans la tête de l’entrepreneur. Il travaille à son concept pendant des mois. Petit à petit, il l’élabore. Il décide enfin de passer à l’action et de débuter son entreprise. Il commence modestement, souvent dans sa maison ou son garage et en cumulant deux emplois. Il insécurise sa famille en prenant des risques financiers. Il travaille de longues heures. Il ne se prend pas de salaire pendant des mois. Ça commence à prendre forme. C’est l’fun. Ses voisins et amis, entre eux, émettent souvent des doutes « ché pas si ça va marcher son affaire ». Le temps de prendre l’expansion arrive. Il doit aller vendre son idée, souvent en rampant, à un banquier hautain, qui n’a pas fait le quart de ce que l’entrepreneur a dû faire pour se rendre là. Il va se faire refuser. Il va aller en voir deux, trois, quatre. Il va finalement avoir un petit prêt non sans avoir hypothéqué sa maison, mis en garantie sa chemise et ses culottes et avoir obtenu la signature d’un de ses proches. S’il est tenace et travaille fort, ça va lever. Il va commencer à avoir besoin de renfort. Il va mettre une petite annonce dans le journal et sue le web. Il a besoin de deux employés. Il va les traiter comme il traiterait les membres de sa famille. Il va commencer à se prendre un petit salaire souvent la moitié de ce qu’il donne à ses employés. Ça va continuer à grandir encore. Deux, quatre, dix, vingt, trente-sept employés. Des gens qui sont heureux de se trouver un emploi qui leur permet de se valoriser, de gagner leur vie avec dignité et de procurer un peu de confort à leur famille. Tout ça grâce au rêve de l’entrepreneur. Les affaires roulent rondement. Il peut changer sa vieille Caravan pour une neuve. Mais, oups, il va passer un bout difficile. Il vient de perdre un gros client. Il doit réemprunter. Ce n’est pas grave, le rêve prend le dessus, on se relève les manches et on travaille plus fort. Les affaires redeviennent florissantes. Le nombre d’employés augmente encore mais, l’ambiance d’une entreprise famille est plus difficile à maintenir. Il commence à goûter aux fruits de son labeur et à se récompenser pour les multiples risques qu’il a pris. Il est fier de lui et il veut le montrer. Il commence à voyager un peu, agrandit sa maison, s’achète une belle table de billard, une Miata pour sa conjointe et partenaire d’affaire et la Volvo de ses rêves pour lui.
C’est là que les choses commencent à changer. Ceux qui ne l’ont pas vu trimer dur et qui le voient maintenant rouler en Volvo disent; « regarde le parvenu, le chanceux, le voleur ». L’esprit de famille s’effritant encore dû au grand nombre d’employés, certains commencent à le trouver arrogant. On commence à utiliser le terme « l’employeur » en parlant de lui. On devient so-so-solidaire. Ce n’est pas juste. Il a réussi. Il a forcément triché en quelque part et exploité des gens. Puis, un moment donné, les gars de l’impôt vont débarquer chez lui. Lui qui, en trois ans, grâce à son rêve, a sorti trente sept chômeurs du fardeau du gouvernement a oublié de déduire le kilométrage qu’il faisait lorsqu’il allait reconduire ses enfants au soccer avec sa vielle Caravan ainsi que l’utilisation personnelle qu’il a fait avec le cellulaire de sa compagnie. C’est sûrement un croche et un profiteur pour avoir fait ça. Mais, malgré tout, il va continuer à se battre et foncer parce que c’est un « entrepreneur » et que tous ces petits désagréments pèsent bien peu dans la balance si il les compare à la grande satisfaction qu’il a à bâtir son entreprise et à créer des emplois.
Cette histoire est celle de dizaines de milliers d’entrepreneurs québécois. C’est à vous tous, qui vous vous reconnaissez dans ce récit, à qui je veux vous féliciter pour vos efforts et votre ténacité. MERCI pour les emplois que vous créez !
Guy Bourgeois est conférencier-formateur et président de Formax (gbourgeois@formax.qc.ca). Pour de la formation ou une conférence : 1-800-361-0666 www.guybourgeois.com